Traces, fragments, notes...

Georges Perros

Pour découvrir ce poète, auteur d'"Une vie ordinaire", des "Poèmes bleus" et des "Papiers froissés"

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2007/06/georges_perros.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2007/07/anthologie-p-14.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/04/almanach_potiqu_7.html

http://web.archive.org/web/20010627141044/http://www.france3.fr/emissions/ecrivain/auteurs/perros.html#perros03

http://www.finitude.fr/auteurs/perros.htm

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/perros/Perros.pdf


http://perros.ordinaire.free.fr/lecture.htm










J.C. Pirotte

"les toits blancs ont belle allure
en leur patience d'ancêtres

le couchant viendra dorer
leur pente d'un rose pur

cependant l'or n'est pas rose
et le temps dont ils disposent

ne vaut pas beaucoup d'argent
l'argent fond la vie est tant

rebelle et l'avenir noir
la nuit remplace le soir"

Extrait de Vaine pâture, p. 36, Mercure de France, 2013






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Poésie et peinture "Des alliés substantiels", très bon dossier en quatre volets proposé par "La pierre et le sel"




http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/05/peinture-et-po%C3%A9sie-des-alli%C3%A9s-substantiels-paul-%C3%A9luard-4.html

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/05/peinture-et-po%C3%A9sie-des-alli%C3%A9s-substantiels-jean-tardieu-3.html

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/05/peinture-et-po%C3%A9sie-des-alli%C3%A9s-substantiels-philippe-soupault-2.html

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/04/peinture-et-po%C3%A9sie-des-alli%C3%A9s-substantiels-.html



John Keats

Astre Brillant

Astre Brillant! Que ne suis-je assujetti comme tu l'es - 
  Non point en splendeur solitaire suspendu au faîte de la 
nuit,
Et les paupières éternelles, entr'ouvertes, fixant, 
   Tel l'Ermite de la Nature, constant, insomnieux,
Les eaux mouvantes en leur besogne sacramentelle
   D'ablution pure autour des humaines rives de la terre;
Ou contemplant le doux masque de neige nouvelle
   Sur les monts et sur les landes _
Non! Et pourtant assujetti, et inébranlable toujours,
   Appuyé sur le sein mûrissant de ma très-belle,
Sentir à jamais sa douce crue et décrue,
   M'éveiller pour toujours dans une agitation heureuse,
Toujours, toujours entendre son souffle aimant exhalé,
   Et vivre ainsi, à jamais - ou bien sombrer, mourir. 

Traduction René Char et Tina Jolas dans La planche de vivre (poésie/Gallimard, 1981) 


Note sur la création :

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/02/notes-sur-la-po%C3%A9sie-john-keats.html



"Demandez-vous mon amour si vous n'êtes pas fort cruelle de m'avoir ainsi pris dans vos rets, d'avoir ainsi détruit ma liberté. Voulez-vous l'avouer dans la lettre que vous devez m'envoyer immédiatement et faire tout ce que vous pourrez pour me consoler - faites la savoureuse comme une infusion de pavots pour m'enivrer - écrivez les mots les plus doux et baisez-les afin que je puisse du moins effleurer de mes lèvres la place où les vôtres ont été. Quant à moi je ne sais comment exprimer ma dévotion à une créature aussi belle : je voudrais un mot plus radieux que radieux, plus beau que beau. Je souhaiterais presque que nous soyons des papillons et ne vivions que trois jours d'été - trois jours comme ceux-là en votre compagnie je pourrais les remplir de plus de délices que cinquante jours ordinaires n'en pourraient contenir...."

Lettre à fanny Brawne, 1er juillet 1819 (dans Lettres à Fanny et autres correspondances, Belin 2010)



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"Energie du négatif : transformer ce qui abat en ce qui permet d'avancer : irrémédiable Baudelaire, "tu m'as donné de la boue et j'en ai fait de l'or"  " 

André Du Bouchet, Carnets



"S'il n'est pas facile d'écrire sans illusion, il serait encore moins simple de cesser et de supporter en silence. Donc... J'aime à penser la poésie comme un lichen ou un lierre, avec le mince espoir que le lierre aura raison du mur." 

Antoine Emaz, Lichen, lichen



"Je me suis faite espace pour recevoir le ciel sur le champ blanc du coeur" 

Gabrielle Althen, Présomption de l'éclat


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"La poésie a cet examen de soi pour devoir. C'est sa façon de rester digne de soi et de perdurer dans la parole" Yves Bonnefoy, hommage à Jacques Dupin

http://www.youtube.com/watch?v=VbYfo_kFZYw


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Janos Pilinszky est un poète hongrois, dont j'ai lu le recueil "Même dans l'obscurité" (Orphée la différence, 1991). 
"Les grandes oeuvres écrivent même dans l'obscurité. Je suis effrayé à l'idée qu'un jour, peut-être, il m'arrivera aussi d'écrire quelque chose qui finira au rebut, comme les vêtements confisqués (à Auschwitz), et restera à la manière d'une égratignure qui doit continuer à écrire, écrire."
Suivent cette phrase très forte une série de poèmes, brefs, poignants, simples 

"Pour qui, pour quoi,
mondes, annoncez-le !
Je lis dans l'herbe piétinée
et fouille dans les chiffons.
Mondes, je ne suis que peur
et qu'humilité."

et en fin de volume, quelques pages en prose "Du journal d'un lyrique"

"Ce qui rend l'écriture redoutable c'est qu'elle est à la fois acte, confrontation et jugement. C'est moins et plus que notre vie. Il est stérile de confronter vie et écriture. L'écriture est une variété exceptionnellement intense de la vie, variété consciente."

L'ouvrage vaut enfin par la préface écrite par Lorand Gaspar, poète et traducteur (avec Sarah Clair) des textes. 
Gaspar est un auteur que j'aime aussi beaucoup. Sa présentation nous donne diverses informations clés sur la vie de l'auteur et son devenir en poésie. 

J'ajoute des liens sur d'autres sites et blogs pour compléter mon propos, dont une lecture par l'auteur, en VO... non sous-titrée...

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/04/anthologie-permanente-j%C3%A1nos-pilinszky.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/04/j%C3%A1nos-pilinszky.html

http://www.youtube.com/watch?v=Lgpuc6GKLRM




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L'aptitude du poète selon Pierre Reverdy :

"Sa faculté majeure est de discerner, dans les choses, des rapports justes mais non évidents qui, dans un rapprochement violent, seront susceptibles de produire, par un accord imprévu, une émotion que le spectacle des choses en elles-mêmes serait incapable de nous donner." 

extrait de "Cette émotion appelée poésie"


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"Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir.
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront."


René Char 
Extrait de Rougeur des matinaux



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Pour tenter de mieux aborder les questions "Qu'est-ce que la poésie?, Pourquoi? Pour quoi faire?", une série de textes écrits par J.M. Maulpoix, poète et essayiste, à lire sur son blog et dans plusieurs excellents essais, Du lyrisme, Adieux au poème, Le poète perplexe et Pour un lyrisme critique, tous publiés chez José Corti (collection En lisant, en écrivant)

http://www.maulpoix.net/Biographie.html

http://www.maulpoix.net/definirlapoesie.htm

http://www.maulpoix.net/honteuse.html

http://www.maulpoix.net/lyrismecrit.html

http://www.maulpoix.net/lieucritique.html

http://www.maulpoix.net/perplexe.html

J.M. Maulpoix est à mes yeux n auteur important dont j'apprécie particulièrement le travail et la réflexion autour de la création poétique, mais il est aussi et avant tout un poète de talent, à découvrir notamment dans Une histoire de bleu (publié chez Poésie-Gallimard en 2005). Voir ci-dessous pour une bibliographie complète

http://www.maulpoix.net/biblio.html




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Aujourd'hui, je vous propose une série de liens pour découvrir un grand poète portugais, Nuno Judice. Je vous conseille la lecture du volume paru chez poésie-Gallimard, "Un chant dans l'épaisseur du temps". Sa poésie m'a bouleversé la première fois que je l'ai lue....

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/03/nuno-j%C3%BAdice-%C3%A0-la-fronti%C3%A8re-de-plusieurs-mondes-.html

http://www.recoursaupoeme.fr/critiques/nuno-j%C3%B9dice-%C3%A9ditions-potentille/matthieu-baumier

http://www.bibliomonde.com/auteur/nuno-judice-496.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/05/nuno-j%C3%BAdice.html

http://remue.net/spip.php?article4543




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Eclairage sur une revue de poésie et de littérature, Diérèse, par le blog La pierre et le sel

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/03/di%C3%A9r%C3%A8se-58-respirations-de-la-po%C3%A9sie.html

http://www.diereseetlesdeuxsiciles.com/

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2011/11/la-revue-di%C3%A9r%C3%A8se-un-entretien-avec-daniel-martinez.html


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Trois auteurs entendus lors d'une lecture croisée vendredi 22 mars, lors de la semaine de la poésie à Clermont-ferrand. J'ai aimé, à vous de découvrir maintenant...

Henri Droguet

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/11/avis_de_passage.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/08/avis-de-grand-fraius-dhenri-droguet-par-bruno-fern.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2012/05/entretien-avec-henri-droguet-par-jean-pascal-dubost.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/04/henri_droguet.html

http://pierre.campion2.free.fr/droguet_chantsacote.htm

http://pierre.campion2.free.fr/dro_fevrier2007.pdf

http://pierre.campion2.free.fr/dro_avril2007.pdf

http://pierre.campion2.free.fr/dro_octobre2007.pdf

http://pierre.campion2.free.fr/droguet_comment.htm


Albane Gellé

http://terreaciel.free.fr/poetes/poetesagelle.htm

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/10/albane_gell.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/10/anthologie_perm_10.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/12/anthologie_perm_25.html

http://albanegelle.canalblog.com/

http://remue.net/article.php?id_article=179



Joël Bastard

http://joelbastard.blogspot.fr/p/biographie.html







Mercredi 20 mars 2013

Un ptit détour par la poésie objectiviste

Lorine Niedecker

http://litteraturedepartout.hautetfort.com/archive/2013/03/01/yves-di-manno-terre-sienne-recension.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2009/03/lorine-niedecker.html

http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2013/01/lorine-niedecker-louange-du-lieu-et-autres-po%C3%A8mes-par-sylvie-besson.html

Charles Reznikoff

http://www.sitaudis.fr/Parutions/temoignage-de-charles-reznikoff.php

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2007/09/charles-rezniko.html




Lundi 18 mars 2013

Brigitte Gyr

Une femme poète dont je découvre les écrits... j'aime beaucoup... à vous de lire...


http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/03/brigitte-gyr-dans-labsolu-du-manque-.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2006/07/brigitte_gyr.html

http://www.recoursaupoeme.fr/po%C3%A8tes/brigitte-gyr

http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2009/12/brigitte-gyrau-plus-gris-du-corps.html

http://www.printempsdespoetes.com/index.php?url=poetheque/poetes_fiche.php&cle=705&nom=Brigitte%20Gyr




                                                               ...


" Le jour m'étonne et la nuit me fait peur
L'été me hante et l'hiver me poursuit
Un animal sur la neige a posé
Ses pattes sur le sable ou dans la boue
Ses pattes venues de plus loin que mes pas
Sur une piste où la mort
A les empreintes de la vie."

Un loup, Paul Eluard Poésie et vérité, 1942



Samedi 16 mars 2013

Soirée Haïkus à la librairie jeudi soir, compte-rendu

http://lalibrairiedeclermont.wordpress.com/2013/03/16/haikus-apres-coup/


Vendredi 15 mars 2013

Les éditions "Le bruit du temps" propose un recueil de notes du poète Philippe Jaccottet, auteur majeur de la poésie contemporaine francophone, grand traducteur d'auteurs de langue allemande (Rilke, Hölderlin...) et italienne (Ungaretti).

Sur Poezibao, vous trouverez des extraits, des liens vers d'autres textes et études sur l'auteur

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2013/03/anthologie-permanente-philippe-jaccottet.html






Lundi 11 mars 2013

"Il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre"

" Une oeuvre d'homme n'est rien d'autre que ce long cheminement pour retrouver par les détours de l'art les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le coeur, une première fois, s'est ouvert."

Albert Camus, L'envers et l'endroit


Jeudi 28 février 2013

Alejandra Pizarnik


"la vie joue dans le jardin
avec l'être que je en fus jamais

et je suis là

danse pensée 
sur la corde de mon sourire

et tous disent ça s'est passé et se passe

ça va passer
ça va passer
mon coeur
ouvre la fenêtre

vie
je suis là

ma vie
mon sang seul et transi
percute contre le monde

mais je veux me savoir vivante
mais je ne veux pas parler
de la mort
ni de ses mains étranges."

extrait d'Oeuvre poétique, la dernière innocence (1956)


http://www.jose-corti.fr/titresiberiques/journal_pizarnik.html

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/02/alejandra-pizarnik-dans-le-lieu-du-massacre.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2006/01/alejandra_pizar.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2013/02/anthologie-permanente-alejandra-pizarnik.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/05/alejandra-pizarnik-jeu-tabou-une-traduction-in%C3%A9dite-de-magdalena-c%C3%A1mpora-et-mariana-di-ci%C3%B3-.html

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/pizarnik/pizarnik.html

http://jancet.blogg.org/index.php?tag=Pizarnik





Jeudi 21 février 2013

"J'ai tellement besoin de temps pour ne rien faire qu'il ne m'en reste plus pour travailler"
Pierre Reverdy

cité par Antoine Emaz dans la "planche 20", dernière d'une série de notes de carnets fort intéressantes à découvrir sur Poezibao

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2013/02/feuilleton-antoine-emaz-planche-20-et-fin-.html





"Il ne vivait pas pour ses poèmes, il vivait par ses poèmes. Il voyait maintenant clairement que l'inspiration était la vie: il lui était donné avant la mort d'apprendre que la vie était l'inspiration et rien d'autre."  

Varlam Chalamov




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James Sacré, prix Max Jacob 


http://www.centrenationaldulivre.fr/fr/actualites/aid-84/actualite-remise_du_prix_max_jacob_a_james_sacre

"La poésie est peut-être ce qui dénonce le plus fondamentalement et visiblement les honteuses manipulations de notre société marchande. La poésie, et les produits agricoles. Et la main-d'oeuvre bon marché. (...) La poésie n'est que par hasard source de profit. (...) Elle n'est pas le résultat d'un travail qu'on puisse gérer. Mais plutôt celui d'un désir qui risque de déranger. Exit donc, la poésie de la plupart des librairies, et des journaux qui entretiennent la cote des livres rentables."  Extrait de "D'autres vanités d'écriture", Tarabuste 2008

Anthologie permanente et dossier sur poezibao

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2013/02/anthologie-permanente-james-sacr%C3%A9.html

dont un entretien avec l'auteur

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2008/02/entretien-avec.html

Bibliographie

http://revel.unice.fr/loxias/document.html?id=72

Anthologie et notes de lecture sur le blog littérature de partout

http://litteraturedepartout.hautetfort.com/search/James%20Sacr%C3%A9



Sur Remue.net

http://remue.net/spip.php?mot711







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Baudelaire


"Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;

Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes."

La mort des amants, les fleurs du mal CXXI (poésie Gallimard 1997)


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Baudelaire

dans Mon coeur mis à nu

"Sentiment de solitude, dès mon enfance. Malgré la famille, _ et au milieu des camarades, surtout, _ sentiment de destinée éternellement solitaire.
Cependant, goût très vif de la vie et du plaisir."



                                             ...


Pour découvrir, comme moi, Jacques Ancet, sa poésie,

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/02/jacques-ancet-de-linfime-%C3%A0-limperceptible.html

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/ancet.html

http://jancet.blogg.org/


                                                                     ...

"La liberté

    Elle est venue par cette ligne blanche pouvant tout
aussi bien signifier l'issue de l'aube que le bougeoir du
crépuscule.
    Elle passa les grèves machinales; elle passa les cimes
éventrées.
    Prenaient fin la renonciation à visage de lâche,   la
sainteté du mensonge, l'alcool du bourreau.
    Son verbe ne fut pas un aveugle bélier mais la toile
où s'inscrit mon souffle.
    D'un pas à ne se mal guider que derrière l'absence, 
elle est venue, cygne sur la blessure, par cette ligne
blanche. "

René Char, Seuls demeurent (1938-1944), dans Fureur et mystère


                                             ....


"Art de la poésie

Dragué fut le regard hors de cette nuit.
Immobilisées et séchées les mains.
On a réconcilié la fièvre. On a dit au coeur
D'être le coeur. Il y avait un démon dans ces veines
Qui s'est enfui en criant. 
IL y avait dans la bouche une voix morne sanglante
Qui a été lavée et rappelée."

Yves Bonnefoy, dans Pierre écrite, Mercure de France 1965


                                                                 ...


"On voit bien, sous la lumière éclatante de ses promenades, que Raymon Dumay nous parle d'un monde aujourd'hui disparu, et cependant si proche. Les lecteurs d'après-guerre ont retrouvé cette France qu'ils n'avaient cessé d'aimer pendant les années noires, ils la reconnaissaient intacte, sauvée, porteuse de l'espoir que la libération lui permettait de nourrir. Et nous, lecteurs du nouveau siècle, nous sommes saisis d'une terrible nostalgie, d'indicibles regrets et, peut-être même, d'un confus sentiment de culpabilité. Qu'ont donc fait de la France ses citoyens éclairés? Que font donc de la France en cet an 2010 ses gouvernants obtus et frelatés? 
A la France de Raymond Dumay, une France que l'on avait cru morte, les artistes, les savants, les peuples pressurés, les amoureux de la Liberté vagabonde et de la libre parole rendaient hommage. En ces jours néfastes, un demi-siècle plus tard, la France a le visage bouffi des tartuffes et des chanteurs sirupeux. "

Jean-Claude Pirotte, D'une France à l'autre, 2011



                                                                       ...



"La liberté n'est pas ce qu'on nous montre sous ce nom. Quand l'imagination, ni sotte, ni vile, n'a, la nuit tombée, qu'une parodie de fête devant elle, la liberté n'est pas de lui jeter n'importe quoi pour tout infecter. La liberté protège le silence, la parole et l'amour. Assombris, elle les ravive; elle ne les macule pas. Et la révolte la ressuscite à l'aurore, si longue soit celle-ci à s'accuser. La liberté, c'est de dire la vérité, avec des précautions terribles, sur la route où TOUT se trouve."
René Char, extrait de Après, dans le recueil Recherche de la base et du sommet 1965


                                              ....



Grâce à Lysiane Rakotoson et le diffuseur poétique, cette vidéo sur René Char, grand poète français du XXème siècle, un de mes essentiels, ses poèmes toujours à portée de mon coeur. Vous y découvrirez un poète, un auteur et un homme...  

http://lysianerakotoson.blogspot.fr/2013/02/la-figure-et-la-voix-de-rene-char.html





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"L'aube à la fin s'enfuit d'une cruche brisée
Quand tu trébuches, Calixto, et ta lanterne
Change et le paysage, avec lui-même, alterne
Révélant des tessons  sur la terre baisée.

Tes baisers Calixto dans la vague alizée
Sont roulés et polis et tes yeux dans leur cerne
Sombrent à fond de larme et ton regard en berne
N'atteint plus ton reflet sur la mer apaisée.

Ourse, rejoins, c'est l'heure, une tanière obscure
A force de soleil et, courbant l'encolure,
Continue, invisible, à marcher par les airs.

On entendra pourtant tes râles et tes plaintes
Dans la vie où s'embrouille un fil de labyrinthe :
Ecoutez Calixto rugir dans son désert. "

Robert Desnos,  extrait de Calixto, 1962




                                                               ....


"Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais :
" Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai".
Et je lui dirais encore: 
"Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir."
Et venant je me dirais à moi-même :
"Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse..." "

Aimé Césaire Cahier d'un retour au pays natal


"Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir." René Char

                                                                  ...



"Le poète ne vit guère que de sensations, aspire aux idées et, au final, n'exprime que des sentiments." Pierre Reverdy
                                            ...

"Le génie c'est l'enfance retrouvée à volonté." Charles Baudelaire


                                            ...



"Démodé? Je veux demeurer à jamais passionnément démodé. Ce sera ma façon d'être résolument moderne. Et je n'écris que pour voir de très loin les pluies à venir en robes longues, et m'envelopper de parfums d'herbes, de tourbes, et de musc féminin." Jean-Claude Pirotte

                                            ...


"Le papillon, petit fou, vole

Sur son aile d'un bleu velours,
Pose un baiser sur la corolle
Des roses, nids de ses amours"

Dans "Sourire", extrait de Fantaisies

Stéphane Mallarmé

                                           ...


"J'erre dans la cour à attendre un mot mouillé de

vin mêlé de ciel et j'ai des gestes de nouveau-né sans 
habitudes.

C'est la vie qui regarde la vie qui respire, et le 

soupir grandit."

Gabrielle Althen, Vie saxifrage




"Écrire depuis toujours, pour quelqu’un, pour personne, écrire pour les pierres… écrire pour un inconnu, pour un aveugle, pour un inconnu aveugle… âcre le résidu de ce brasier, de cette fumée, de ce jet de pierres vers l’autre, vers l’ombre de l’autre, vers cet inconnu qui attend, qui est là, qui était là, depuis toujours…
Écrire sans point d’ancrage, sans point de mire, risque absolu, espace ouvert… précipice de la langue, laconisme de funambule, ¬ et le volubilis de la mort qui s’accouple à l’écriture, qui s’enroule autour…
Écrire, un mourir qui ne finit pas de s’éteindre entre mes doigts, de rougeoyer sous la cendre, et de reverdir sur l’abrupt de la falaise, comme une naissance de l’un adossée à l’agonie de l’autre, ¬ le partage à couteaux tirés de notre gémellité odorante…très loin de moi, seul, qui verse l’huile sur le feu de l’écriture, pour activer le brasier de la mort du livre, et graisser les minuscules rouages édentés de la poétique aphasie…
Écrire au fond du trou, écrire sur le fil, en disloquant, en moissonnant, en délivrant l’espace du vide vivant…
Écrire ce que chacun ¬ toi, moi, n’importe qui ¬ endure, appréhende en dormant, sous un drap de brume, avant le premier signe de l’aube…"
Jacques Dupin, extrait de Fragmes dans Echancré
Voir le joli dossier sur le site "La pierre et le sel"

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/01/jacques-dupin-la-po%C3%A9sie-comme-une-d%C3%A9chirure-.html






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