Le poète creuse son histoire
"Ecrire, certes, mais savoir perdre aussi l'écriture, mesurer toute l'ampleur de son ignorance. Se relever nu de dessous l'orage du langage." Joël Vernet
vendredi 1 août 2014
Clown
Mercredi
Il est minuit au bistrot
La soirée se conclut pourtant
La ville suinte à grosses gouttes
dans l’ombre au dehors
La terrasse muette est toute
rangée
Les chaises empilées
Les tables rincées
Les verres happés
Par les mains des derniers
prétentieux avalant debout leur liquide
Clopin-clopant
Au-dedans le serveur s’active à
tout rendre propre
Affolés
Son balai
Sa serpillère
Son gant et son mégot fumant
La musique n’est plus
L’incertain n’a plus de décor
pour exprimer son désir de vivre
Et
pourtant
Une table résiste
Dans le coin à droite
Un grand blond et un ptit brun
Amusent leurs mains
Autour d’un gros verre tournant à
vide
Ils font public face au mec
Sa dernière danse trémoussant un
corps
Toujours prêt à défiler devant les
glaces
Leur reflet coquin
Pour un égo décentré
En quête de flatterie
D’une voix déraillée
Grillée
Ils
applaudissent
S’invite alors le clown
Espoir
Un type haut perché
Vêtu d’un rien chiche
Il sourit au serveur copain
D’un regard imbibé
Il prête ses longs doigts aux
touches d’un ptit accordéon
Naissent quelques airs populaires
Fiables
Un duo alors s’improvise
A l’abri du monde déjà endormi
Ne dure point
Qu’importe
Un ptit ballon empli de marron
Récompensera le héros
Vite reparti
Le public fuira aussi
Sauf
lundi 28 juillet 2014
Saint-Do
Les talons hauts
perchés claquent en duo le bitume sec
troué
En amont de la
rue de la forge
croisant avec Saint-Do
Les bas filés
les jupes
racornies
froissées
la chair
indistincte
tirent l’œil
affuté du poète
en vadrouille
dans le quartier aux allures incertaines
jouet du vent
ciselant son visage fatigué
Une lumière
fade
alerte en spot le choix
Une porte grise
défraîchie
veille dans un coin à droite
L’entrée étroite suggère les marches
infamantes
excitantes
bancales
Une échappée de l’ennui
Orage
Ses éclats lumineux brisent le ciel
lourd
tendu
pris
Il crie sur nos vanités bavardes
nos
jours fixés
figés dans
le semblant
drogue de nos avoirs tristes
Il pleure à flots
secoue le décor
ses héraults idiots calés derrière les volets clos
Il s’essouffle
Le ballet continue
Il reviendra
plus
fort
plus
dur
Une lampe éclaire des livres
un bureau
Le halo clignote
Le
poète s’éveille
Sa
pointe dévale le papier en mots noirs
suit
l’appel naturel
Une
cadence
L’incertain
décalé mène la danse
L’instant
vivra
Traces
sur un carnet
replié
enfermé
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