vendredi 1 août 2014

Le poète creuse son histoire

Clown


Mercredi

Il est minuit au bistrot

La soirée se conclut pourtant

La ville suinte à grosses gouttes dans l’ombre au dehors

La terrasse muette est toute rangée

Les chaises empilées

Les tables rincées

Les verres happés

Par les mains des derniers prétentieux avalant debout leur liquide

Clopin-clopant


Au-dedans le serveur s’active à tout rendre propre

Affolés

Son balai

Sa serpillère

Son gant et son mégot fumant

La musique n’est plus

L’incertain n’a plus de décor pour exprimer son désir de vivre

Et pourtant


Une table résiste

Dans le coin à droite

Un grand blond et un ptit brun

Amusent leurs mains

Autour d’un gros verre tournant à vide

Ils font public face au mec

Sa dernière danse trémoussant un corps

Toujours prêt à défiler devant les glaces

Leur reflet coquin

Pour un égo décentré

En quête de flatterie

D’une voix déraillée

Grillée

Ils applaudissent


S’invite alors le clown

Espoir

Un type haut perché

Vêtu d’un rien chiche

Il sourit au serveur copain

D’un regard imbibé

Il prête ses longs doigts aux touches d’un ptit accordéon

Naissent quelques airs populaires

Fiables

Un duo alors s’improvise

A l’abri du monde déjà endormi

Ne dure point

Qu’importe

Un ptit ballon empli de marron

Récompensera le héros

Vite reparti

Le public fuira aussi


Sauf